Alchimie et symbiose
Publié le 9 Août 2010
En ce moment, je ne sais pas pourquoi, je crois bien que j'ai une passion pour les super-pouvoirs des animaux. Aujourd'hui, c'est la salamandre qui m'émerveille, je vais essayer de vous expliquer pourquoi.
Dragon Royal
Parée d’une couronne royale, la salamandre se pavane sur nombre de châteaux de la Loire. Rien d’étonnant : elle est l’emblème de François 1er. Pourquoi un roi aussi puissant a-t-il choisi de se faire représenter par ce batracien de 20 misérables centimètres, mi-grenouille mi-lézard, qui n’est une star ni du combat ni de la course à pied ? Pourquoi un artiste comme Aloysius Bertrand lui consacre-t-il un poème tout entier ?
A la limite de la magie …
C’est en fait pour ses propriétés « surnaturelles » que la salamandre fait parler d’elle dès l’Antiquité. On lui prêtait notamment le pouvoir d’éteindre le feu et les colporteurs qui vendaient de l’amiante pour ses vertus ignifuges n’hésitaient pas à l’appeler « laine de salamandre ». La salamandre vit dans les zones fraîches et humides et aime à s’endormir dans les bûches. Quand soudain celles-ci sont jetées au feu, l’animal sort de sa cachette et, protégé par la pellicule humide et visqueuse qui l’entoure, peut parvenir à s’échapper du foyer.
Décevant, finalement. Ce qui est plus extraordinaire, c’est que comme le lézard, la salamandre possède un pouvoir de régénération. Si on lui coupe la queue, elle repousse. La même chose se produit en cas d’amputation d’une patte (bien plus complexe) et cela, la salamandre est le seul vertébré à en être capable. Alors forcément, elle est étudiée de près (ici à l’Université de Laval) … imaginez qu’on parvienne à la copier !
L’œuf et l’algue
Loin d’avoir livré tous ses secrets, la salamandre se révèle chaque jour plus prodigieuse. Tout récemment, ce sont ses embryons qui ont défrayé la chronique. Le biologiste Ryan Kerney, qui les étudie, s’est aperçu de la présence d’une algue unicellulaire dans leurs cellules. Oophila amblystomatis (c’est le petit nom de l’algue - vous avez sa photo plus bas, empruntée sur le site de Kerney) s’était déjà fait repérer il y a 30 ans dans les œufs de salamandre par la chercheuse Lynda Goff. Se nourrissant des déchets azotés produits par l’embryon, elle l’alimente en échange en oxygène, qu’elle fabrique par photosynthèse. On appelle ça la symbiose.
Nous autres humains pratiquons activement la symbiose : notre organisme héberge de nombreuses bactéries, sans lesquelles nous serions incapables par exemple de digérer. La salamandre est le sul vertébré connu à collaborer (de l'intérieur en tous cas) avec un organisme photosynthétique. Pour être honnête, je ne suis pas plus étonnée que ça : la plupart des vertébrés étant opaques, quel intérêt y aurait-il à s'installer chez nous pour un être qui a besoin de lumière ? Mais apparemment, cette découverte ouvre des portes insoupçonnées aux biologistes ... Je vous en dis plus dès que j'aurai compris.