Manifestants opposés à Parcoursup (photo Thomas Samson AFP)

"Le déroulement de Parcoursup est plus rapide que le scénario le plus optimiste que nous avions modélisé" confie Hugo Gimbert, chercheur au CNRS et concepteur de l'algorithme, à Guillaume Ouattara, auteur du blog L'ingénu-ingénieur. Tant mieux pour lui, et pour les 24% de lycéens qui ont accepté une offre de formation à ce jour (8 jours après les résultats de la moulinette).

Je ne jette pas la pierre à Hugo Gimbert. Il a très certainement effectué un travail de titan en un temps record. Il a fait l'effort d'imaginer plusieurs scénarios, et il a visiblement envisagé honnêtement tout ce qui pouvait ralentir le processus. Cela n'a probablement pas plu aux commanditaires de l'algorithme, qui auraient probablement préféré qu'on leur garantisse avec 100% de certitude que Parcoursup caserait du premier coup plus de monde qu'APB.

En revanche, je suis très en colère quand je pense aux politiciens, à qui Hugo Gimbert n'a probablement pas manqué de communiquer ses estimations assez accablantes, qui n'ont cessé de se vanter dans les médias de remplacer APB par un système plus performant et plus humain. "Réintroduire de l'humain", quand nous n'avons rien fait d'autre que coder des formules attribuant à chaque candidat un score pour établir un classement final. Franchement, notre gouvernement lutte contre les fake news en soignant le mal par le mal ...

Je suis lasse du mépris affiché par nos dirigeants pour tous ceux qui font les choses. Cheminots, enseignants, ouvriers ... toujours soupçonnés d'incompétence, couverts d'opprobre dans les médias par leur propre hiérarchie qui prépare le coup de comm' de sa prochaine réforme. Réforme qui consiste à balayer l'existant pour le remplacer par une solution qui, même si elle est élaborée par des gens talentueux et parfois bien intentionnés, est conçue dans l'urgence et en réponse à un cahier des charges imposé de façon autoritaire. Qui a imaginé la non-hiérarchie des vœux sur Parcoursup ? Autour de moi, ni les enseignants du secondaire, ni ceux du supérieur ne comprennent le bien-fondé de cette décision et je me demande bien qui a été consulté en amont pour qu'on en arrive à adopter cette méthode.