Le café, l'Aïd et le 49.3

Publié le 6 Juillet 2016

Le café, l'Aïd et le 49.3

Aujourd’hui, j’étais en visite dans un laboratoire ami. La journée a commencé par quelques nouvelles autour d’un café réchauffé au micro-ondes. La femme de ménage, très gentille, est intervenue pour nous signaler que notre jus de chaussettes avait probablement stagné longtemps au fond de la cafetière italienne, et qu’il fallait se méfier des champignons qui y avaient peut-être poussé.


Après un bref échange sur l’art et la manière de préparer un café décent, nous convenons de nous retrouver pour le café demain matin. La femme de ménage, appelons-la Ibtissem car elle le mérite bien (cela signifie Sourire en arabe), nous promet même des pâtisseries maison qu’elle a confectionnées pour fêter ce soir l’Aïd el Kebir. Ibtissem élève seule deux enfants de 18 et 20 ans et termine vendredi son contrat d’un mois - elle effectuait un remplacement. Le responsable de son équipe chez la société qui l’emploie lui avait proposé une autre mission, mais il fallait commencer hier. Tant pis pour Ibtissem, ce sera le chômage la semaine prochaine. Au mois d’août, salariés et fonctionnaires de mon espèce seront en vacances. Les locaux seront fermés et il n’y aura pas de travail pour Ibtissem - mais elle devra se tenir prête au cas où. Sinon adieu les indemnités. Alléchant programme, pendant que d’autres savourent leurs congés payés au bord de la mer.


Je repense au temps de ma thèse et au monsieur taciturne, appelons-le Roger, homme de ménage salarié par l’école, qui s’occupait du nettoyage de notre salle de manips, et qui est décédé depuis. Le travail de Roger n’était certes pas gratifiant, et c’est peu dire qu’il n’avait pas l’air de s’y épanouir, mais cet emploi lui épargnait tout du moins l’extrême précarité dans laquelle vit Ibtissem. A grappiller des heures à gauche et à droite, elle n’a même pas de collègues avec qui partager un peu le poids du quotidien …


Réalisent-ils tout cela, les apôtres de la flexibilité, les promoteurs de compétitivité qui rédigent des lois travail pour protéger les pauvres patrons des exigences délirantes de leurs salariés ?

Rédigé par Algue

Publié dans #politique, #49.3, #peace&love, #travail, #ménage

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